mercredi 31 décembre 2008

Largo Winch

En cette période de fin d'année, il est parfois bon de déconnecter le cerveau pour aller voir un bon film de divertissement. Largo Winch de Jerôme Salle en a toutes les caractéristiques : l'adaptation de la bande dessinée à succès de Jean Van Hamme est assez réussie, et offre à James Bond un pendant franco-belge assez convaincant. Le réalisateur français a réussi à adapter la BD (principalement les deux premiers tomes, mais quelques emprunts sont également faits aux deux suivants), d'assez belle manière. Alors il ne faut pas s'attendre à retrouver ici sur grand écran les cases de la bande dessinée, on n'est pas chez Frank Miller, et de toute facon le style de la bande dessinée, s'il est sympathique, n'a pas l'impact visuel d'un Sin City. Le réalisateur prend même quelques libertés avec le matériau originel, et se permet de retirer du board du groupe W quelques personnages hauts en couleurs que j'aurais bien aimé y voir figurer (comme Dwight Cochrane ou John Sullivan), ou d'adapter certains personnages (comme Freddy Kaplan, dont les attributions ont été un peu modifiées, mais campé ici par un très bon Gilbert Melki). Mais l'essentiel a été conservé : Largo Winch et son père Nerio, qu'on voit pas mal dans ce premier épisode, sont totalement dans l'esprit des héros de la bande dessinée, et c'est ce qui rend ce premier épisode très crédible. Tomer Sisley s'en sort fort bien dans son premier "grand" rôle au cinéma.

On peut ajouter à cela une réalisation très correcte, qui n'a rien à envier à un blockbuster américain, et qui, pour peu qu'on ne le sache pas n'aurait pas laisser deviner que le film était français. Un film d'action français filmé autrement qu'un épisode de Commissaire Navarro, voilà qui fait plaisir ... On ne s'ennuie pas, on voit du paysage, des rebondissement, de la castagne des poursuites et des jolies filles, le tout avec le background économico-financier qui est caractéristique de la BD. Le film réussit par ailleurs à présenter les personnages pour les gens qui ne connaîtraient pas la BD, sans tomber uniquement dans un premier épisode "de présentation" au scénario bâclé.

Non, vraiment à l'instar de la bande dessinée dont il est issue, ce Largo Winch est certes un produit de masse, mais plutôt de bonne qualité, particulièrement adapté en cette période de l'année... Vivement un Largo 2 (avec l'arrivée de Simon Ovronnaz, on espère ...)

lundi 22 décembre 2008

Mesrine , l’ennemi public numéro 1

Le film Mesrine ayant été, de par sa durée, découpé en deux parties, pas mal des critiques que j’ai pu lire sur ces deux parties, s’appliquaient à les comparer… Un peu étrange quand on sait qu’il s’agit d’un seul et même film, ça n’aurait sans doute pas été fait si le film avait été d’un seul tenant. Après avoir vu (enfin) cette seconde partie, j’avoue que je ne comprends pas trop les critiques qui encensaient la première partie pour descendre en flèche la seconde (ou l’inverse, j’ai lu les deux). L’ennemi public numéro 1 est dans la droite lignée de L’instinct de Mort, on s’intéresse cette fois ci aux dernières années de la vie de Mesrine, en particulier ses deux évasions spectaculaires, et quelques scènes cultes passées dans la légende du gangster, comme l’arrestation au champagne par le commissaire Broussard, ou l’achat de la clé des menottes par Mesrine à un fonctionnaire corrompu, achat révélé au grand jour devant le tribunal au cours de son procès.

On sent dans cet épisode Mesrine devenir de plus en plus sur de lui, mais aussi de plus en plus sur de son destin et de sa fin probable. Cassel y est dans la droite lignée de sa performance de la première partie, cabotin comme il faut pour incarner le gangster. Il y est secondé de manière assez formidable par Matthieu Amalric, complice d’évasion et par une Ludivine Sagnier qui est toujours au top pour interpréter des filles vulgaires. Le seul point noir concerne la présence de Gérard Lanvin, grimé et affublé d’un faux accent du sud, pour interpréter Charlie Bauer, on n’y croit pas 5 minutes, et avec tout le respect que j’ai pour Gérard Lanvin, ce rôle est tout bonnement raté.

Au final, ce diptyque est tout de même quelque chose d’assez rare dans le cinéma français : un film ambitieux, maîtrisé et réussi, c’est suffisamment rare pour être remarqué.

lundi 15 décembre 2008

Burn After Reading

Avec ce Burn After Reading, les frères Coen signent un retour à la comédie plus "légère" après un avant-dernier film très noir. On n'est clairement pas ici dans la catégorie "chef d'oeuvre", comme c'est le cas de Fargo ou de No Country For Old Men, mais dans un film plus léger, moins ambitieux, avec comme seul but de nous divertir.

Et il y réussit assez bien, notamment grâce à une belle brochette d'acteurs ne se prenant pas au sérieux :le fidèle George Clooney, qui aime faire le pitre, mais aussi John Malkovich ou Brad Pitt qui s'en sort à merveille dans un rôle de benêt. Alors c'est sans doute vite regardé, vite oublié, mais on peut conter sur les doigts d'une main les réalisateurs arrivant à faire d'aussi bonnes comédies pour leurs films "médiocres" ... Pas un grand Coen Bros, mais un Coen Bros tout de même, donc pas désagréable.

mardi 9 décembre 2008

Hunger

Caméra d'or du dernier festival de Cannes, Hunger de Steve Mc Queen, aborde le sujet brûlant de la guerre civile en Irlande du Nord, mais à la différence du film de Ken Loach Le Vent Se Lève, du côté des combattants de l'IRA prisonniers, et de leur lutte pour une chose : le statut de prisonnier politique, que le gouvernement anglais, par la voix de Margaret Tatcher, leur refusait, les considérants de fait comme des criminels de droits commun. On suit donc leur lutte, tout d'abord par leur grève de l'hygiène et leur refus de porter l'uniforme de prisonnier, puis, la lutte s'intensifiant, on suit la grève de la faim du plus célèbre prisonnier politique Bobby Sands.

C'est un peu cliché de parler de Hunger comme un "film choc", mais c'est pourtant la réalité. La mise en scène est très réaliste et nous plonge tellement dans l'insalubrité de la prison qu'on a parfois l'impression d'en sentir les odeurs. On filme souvent au plus près des personnages, et évidemment vu le sujet, il est inutile de préciser que Hunger est un film dur, très dur ... Ceux que les scènes de torture du film de Ken Loach ont choqué peuvent d'ores et déjà passer leur chemin. En même temps, sans aucun souffle épique, le film nous fait prendre conscience de la détermination de quelques homme qui ont été près a payer de leur vie, dans d'atroces souffrances, le combat pour défendre quelques droits humains basiques. Pour une première réalisation, Steve Mc Queen fait déjà preuve d'une belle maturité, et sa façon par exemple, de nous introduire peu a peu dans la prison, via un surveillant de prison, puis via un prisonnier "lambda" pour arriver peu à peu à Bobby Sands, est remarquable.

Le film est quasi-religieux par moments, évidemment. On remarquera par exemple une très longue scène (plan séquence de 22 minutes), sorte de confession, où Bobby Sands expose sa motivation et ses convictions à un prêtre, et également la longue agonie consécutive à la grève de la faim, très violente, où les blessures de Bobby Sands font écho aux stigmates du Christ.

Hunger est un film violent, sur un sujet pas facile, à l'opposé du divertissement, sa violence en fera un film que peu pourront sans doute supporter, mais c'est néanmoins un très bon film.

lundi 8 décembre 2008

Two Lovers

A la fin de l'année dernière, We Own The Night de James Gray avait bousculé mon "Top de fin d'année" pour se glisser dans les premières places. Il risque fort d'en être de même avec ce Two Lovers, second film en un an pour le même James Gray. On retrouve avec plaisir Joaquin Phoenix (a priori pour son dernier rôle au cinéma, d'après ses dires, en espérant qu'il reviendra sur sa décision), mais dans un rôle complètement différent du patron de boite de nuit de We Own The Night. Ici il incarne un homme de trente cinq ans, suicidaire et torturé, vivant encore dans le cocon familial et torturé entre deux femmes, une brune choisie par ses parents et issue de son milieu (la communauté juive New-Yorkaise d'origine russe), et sa voisine de palier, plus épicée mais aussi plus instable.

Tout dans la mise en scène de ce film touche au sublime. James Gray est décidément aussi doué pour mettre en scène un mélo (pourtant sur une trame assez "basique") qu'un film policier. Le film est constamment à fleur de peau, transmet l'émotion sans tomber dans la sensiblerie. Le film est référencé (Hitchcock, notamment), mais là encore on ne tombe pas dans l'hommage basique. Les acteurs suivent, bien évidemment, la performance de Joaquin Phoenix est saisissante, et même une actrice comme Gwyneth Paltrow, qui est parfois un peu fadasse, trouve ici un rôle qui la met parfaitement en valeur. A n'en pas douter si James Gray continue à filmer des chefs d'oeuvres à ce rythme , il risque de laisser une vraie trace dans l'histoire du cinéma. C'est assez inexplicable qu'un film comme Two Lovers soit reparti de Cannes sans une récompense, il est vrai cela dit qu'il ne comporte pas de message politique ou social, c'est juste un vrai grand film de cinéma.

Allez, une fois n'est pas coutume je suis en phase avec Télérama, donc un petit lien vers la chronique