lundi 6 octobre 2008

Entre Les Murs

Tradition oblige, il faut aller voir la Palme d'Or de Cannes. Encore plus cette année car elle est française, ce qui n'était pas arrivé depuis Maurice Pialat en 1987. Et même si le peu que j'avais pu voir d'Entre les murs ne m'avais pas donné très envie. A la sortie, bilan positif, même si je ne suis resté pantois non plus. Tout d'abord, malgré la durée relativement longue (2h08) et le peu de variété des scènes, le film passe très vite. Ensuite, évidemment les acteurs... Enfin si on peut appeler "acteur" le fait de jouer, fort bien certes, mais son propre personnage. Difficile donc de juger de la "performance d'acteur", mais il est vrai que certains des jeunes sont très convaincants, comme Esmeralda, par exemple. Là où on est plus impressionné c'est par la prestation de Francois Bégaudeau, auteur du livre original, et qui est vraiment très bon dans son rôle de prof idéal, passionné et motivé.

Le principal reproche que je pourrai faire au film, c'est qu'on en ressort avec l'impression que tout ça est un peu trop idéal : les répliques font toujours mouche, tant du côté professeur que du côté élève, certains personnages sont un peu des clichés (l'Africain, le Marocain, l'Antillais, le gothique), on sent bien que certaines anecdotes ont été réécrites, et tout cela sonne au final un peu trop scénarisé.
Tout ceci rend le film évidemment très agréable à suivre, mais qu'on a l'impression que cette classe, ce prof, n'existent sans doute pas dans la réalité. On se retrouve donc avec un film assez éloigné du documentaire (ce qu'il n'a pas vocation d'être, mais dont il s'inspire, formellement notamment) et dont le style n'est pas assez personnel pour une fiction (la mise en scène n'a rien de folichon, la musique est quasi-inexistante). C'est très agréable à regarder dans l'instant, on passe un bon moment, mais on se demande si le film aura la même porté dans le temps que certaines des Palmes d'or précédentes.
C'est un peu dommage de voir que depuis quelques années , comme le précise Sébastien sur son blog, Cannes consacre souvent plus un message que le cinéma lui même. A mon avis, depuis Elephant en 2003, Cannes n'a jamais consacré de sa récompense suprême un réalisateur ayant un vrai "style" cinématographique. Je trouve ça un peu dommage. A titre personnel, si j'avais du voter pour un film français dans la sélection cannoise 2008, ma voix aurait été plus encline à se porter sur Un Conte de Noël que sur Entre Les Murs

Take Care,

3 commentaires:

Seb a dit…

Encore une fois, nous nous rejoignons ! Ceci dit sur ce film français, j'aurais été vraiment surpris du contraire.

Je n'avais pas réalisé ce que tu écris sur les dialogues toujours "parfaits", mais c'est tout à fait vrai... c'est pour cela que les joutes verbales sont aussi plaisantes. Sauf vers la fin, dans des moments d'incommunicabilité où le prof se retrouve impuissant et désarmé.

Matth LM a dit…

Sur Cannes, ce que tu dis me semble très très vrai, et assez tristoune. Et certains doivent l'avoir mauvaise (les frères Coen en 2007, Almodovar en 2006, notamment).

Sur "Entre les murs", je trouve le prof bien moins parfait que tu ne le dis! Je pense notamment à son remarqué "abandon" de classe pour conduire un élève chez les proviseur, au fait qu'il réponde sur sa vie perso (gay/pas gay), ou au fait qu'il aille voir ses élèves dans la cours pour leur reprocher d'être aller "cafter" (alors qu'il a fait la même chose!!!). Cela dit, je trouve ça aussi bien!

Je pense aussi que c'est un film "louable" pour souligner la difficulté du métier de prof, d'autant plus que j'ai tendance à penser que c'est assez "juste". Noter que les collègues me semblent au moins aussi difficile à supporter que les élèves (la "palme" à la prof tartouille au possible qui annonce qu'elle est enceinte au moment où l'on apprend la situation difficile d'un élève et de ses parents...).

Enfin, c'est un peu con sans doute, mais ce film m'a renforcé dans mon envie d'être prof... ce que je ne serai pourtant sans doute jamais!!!

angrom a dit…

Je suis d'accord avec toi pour les collègues (l'anecdote de la "machine à café" est assez terrible aussi).
Ceci dit pour l'envie d'être prof, perso, on repassera , surtout en collège... Ca ne me fait pas du tout envie, surtout au regard de la scène finale, qui résume bien la difficulté du métier de nos jours, je pense, dans une société ou "être intellectuel" est devenu une forme d'insulte
Et pour le coté "parfait" du prof, franchement, je trouve vraiment que ce côté est un peu exagéré. Le prof cool qui répond à ses élèves etc etc.. On se croirait dans "Dead Poets Society" par moments... Tous les profs sont loin d'être aussi "cool" que ca... et on le sait, on a souvent eu les mêmes ... ;)